Les podcasts américains, qu’ils abordent des sujets tels que les fraudes électorales ou les vaccins anti-COVID, ont été accusés de propager la désinformation. Les auditeurs se trouvent parfois sans moyens directs de signaler ces contenus sur des plateformes comme Spotify.
Les podcasts américains diffusent parfois des informations mensongères
Selon le centre de réflexion Brookings Institution, basé à Washington aux États-Unis, qui a examiné une multitude d’épisodes, les podcasts américains occupent un terrain fertile pour la diffusion d’allégations erronées. En particulier, l’émission « War Room » animée par l’ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, se démarque avec un grand nombre d’allégations erronées, particulièrement liées à la présidentielle de 2020. Quant à l’émission audio incroyablement populaire de Joe Rogan, trônant en tête sur Spotify, il a fait l’éloge d’approches médicales contre la Covid-19 dont l’efficacité n’a pas été prouvée. La problématique de ce type de contenu réside dans le fait que les auditeurs cherchent souvent des émissions qui confortent leurs croyances, et dans le format conversationnel, quasiment intime, de ces podcasts américains, d’après les experts.
Des allégations sur des fraudes électorales et les vaccins anti-covid ont été relayées
Valerie Wirtschafter, l’analyste de données ayant dirigé l’étude de la Brookings Institution, et son équipe ont analysé 36 000 épisodes de podcasts américains. Ils ont constaté que 70 % de ces podcasts américains les plus populaires avaient relayé au moins une allégation identifiée comme fausse par des organismes spécialisés dans la vérification. De nombreuses informations erronées concernaient l’élection américaine de 2020 et la Covid-19. Les auditeurs disposent de peu de moyens pour commenter ou signaler la désinformation dans les podcasts américains, ce qui, selon les chercheurs de Brookings dans leur rapport de février 2023, « facilite la propagation de contenus faux, trompeurs ou non fondés. » Bien que Joe Rogan ait retiré un épisode en janvier 2023, mentionnant un faux tweet sur les vaccins anti-Covid, de telles actions sont rares. La modération de ces contenus est considérée comme « vraiment compliquée » pour les entreprises technologiques, selon Mme Wirtschafter.
Les plateformes comme Spotify ne sont pas vraiment contre la désinformation
Selon un sondage d’avril 2023 du Pew Research Center, environ la moitié de la population écoute des podcasts américains, dont 87 % s’attendent à des informations rigoureuses, une proportion plus élevée que pour d’autres médias. La lutte contre la désinformation dans les podcasts américains s’avère complexe, car cet écosystème s’étend sur de multiples plateformes aux règles de modération variables. Par exemple, Spotify interdit les contenus « dangereux », tout en cherchant à « respecter l’expression des créateurs » tels que Joe Rogan, qu’elle a soutenu en 2022 lorsqu’il était accusé de désinformation sur le coronavirus.
NewsGuard va informer plus les auditeurs sur les annonceurs de faux contenus
NewsGuard, une entreprise évaluant la crédibilité des sites web, prévoit d’étendre son activité à approximativement 200 podcasts américains en 2024, afin d’informer les auditeurs et les annonceurs des contenus problématiques. Cependant, selon Eric Effron, directeur éditorial de NewsGuard, un tel projet s’avère « plus complexe » que l’évaluation de sites web, car il nécessite d’écouter les podcasts américains et d’analyser leurs transcriptions. La question de la responsabilité dans ce domaine est loin d’être claire. Certains critiquent les plateformes, tandis que d’autres pointent du doigt les algorithmes de recommandation des géants technologiques comme Apple ou Google. Selon Valerie Wirtschafter, « dépublier n’est peut-être pas la meilleure solution » pour améliorer la qualité de l’information, mais ajouter du contexte et fournir un environnement plus riche pour l’analyse des faits pourrait s’avérer extrêmement utile. »
Avec ETX/DailyUp